RN68, Quebrada de las Conchas, un canyon rouge vif troué d’amphithéâtres naturels. Entre deux virages, des cactus dressent la garde, et la route paraît écrite au marqueur dans la roche.
Conduire en Argentine, c’est accepter l’imprévu. Salta te cueille avec son vacarme, la Ruta Nacional 68 file dans une gorge rouge qui semble avoir été sculptée au couteau, Cafayate apaise avec son Torrontés qui sent la fleur d’oranger, puis la route se cabre vers l’altitude par la Ruta 51, San Antonio de los Cobres, le Paso de Jama. Au bout, une tempête de sable te gifle à l’entrée de San Pedro de Atacama, puis le silence lunaire de la Valle de la Luna t’éteint la radio intérieure. On redescend par la Ruta 40, on roule sous l’ombre de l’Aconcagua, on trinque à Mendoza, et on finit aspiré par Buenos Aires. Ce périple est marquant parce qu’il t’oblige à changer de peau à chaque étape, routes, altitudes, vins, climats, villes, tout varie, tout secoue.
Argentine, le pays où une route n’est jamais qu’une route. La RN68 brûle de rouge, la RN51 grimpe jusqu’au délire minéral, la Ruta 40 te secoue entre bitume et ripio, et chaque bodega est un refuge. Tu viens pour le vin, tu restes pour la route, tu reviens pour l’ensemble.
RN68, Quebrada de las Conchas, un canyon rouge vif troué d’amphithéâtres naturels. Entre deux virages, des cactus dressent la garde, et la route paraît écrite au marqueur dans la roche.
SALTA, LA BOULLE AU VENTRE
Salta la Linda a un surnom trompeur, elle est belle certes, mais surtout vivante, bruyante, foisonnante. Autour de la Plaza 9 de Julio, les bus crachent, les klaxons répondent, les kioscos vendent des empanadas fumantes. Tu récupères une voiture et tu comprends vite la règle locale, priorité à celui qui ose. Partir vers le sud par la Ruta Nacional 68 est un soulagement, le trafic se dilue, la chaleur reste, et la montagne arrive d’un coup.
QUEBRADA DE LAS CONCHAS, COULOIR ROUGE VERS LES VIGNES
La RN68 déroule son ruban au cœur de la Quebrada de las Conchas, un couloir minéral où la roche brille de rouge, d’ocre et de pourpre. Les arrêts sont évidents, l’Amphithéâtre, un cirque acoustique où un guitariste fait résonner des milongas, la Garganta del Diablo, étranglement de roche où le vent siffle, la Casa de los Loros. La route n’est pas difficile, mais hypnotique. Au bout, Cafayate surgit comme une oasis posée à 1 600 mètres, vignes en damier et bodegas aux portails blancs.
CAFAYATE, CAPITALE DU TORRONTÉS
Ici, on parle Torrontés. Ce blanc aromatique, enfant du soleil et des nuits fraîches d’altitude, sent la fleur, la pêche blanche, parfois le jasmin. Les bodegas se visitent facilement, El Esteco, Piattelli, Etchart, Michel Torino, et surtout des caves familiales où l’on t’explique la lutte contre les gelées et la grêle. On déjeune sous les pergolats, on comprend que le vin n’est pas un prétexte, c’est une culture. La ville, pavée, lente, a un rythme qui convient à la route, on pourrait rester, mais la Ruta 40 appelle.
RUTA 40 VERS CACHI, ENTRE RIPIO ET HAUTEUR
Quitter Cafayate par la Ruta 40 vers Cachi, c’est accepter de ralentir. Par endroits, le bitume cède la place au ripio, ce gravier roulant qui oblige à la douceur. Le paysage alterne zones arides, vallées ouvertes, cardons géants qui veillent, villages blanchis à la chaux. Cachi, à 2 280 mètres, est une carte postale figée, église coloniale, plaza ombragée, ruelles où le soir tombe d’un coup. On repart souvent par la RP33 et la Cuesta del Obispo, une montée en lacets serrés jusqu’à la Piedra del Molino, puis descente spectaculaire vers Salta par la Recta del Tin-Tin, droite tendue dessinée par les Incas, alignée comme une flèche entre les cactus.
LA MONTÉE VERS L’ATACAMA PAR LA RN51
Pour changer d’échelle, on choisit la Ruta Nacional 51. Direction San Antonio de los Cobres, 3 700 mètres, ville minière et ventée où l’air te rappelle que tes poumons ne sont pas infiniment extensibles. Les rails du Tren a las Nubes longent la vallée, et la route grimpe, imperturbable. Le moteur perd un peu de voix, la direction s’allège, les pensées aussi. Après San Antonio, on pousse vers Susques et vers le Paso de Jama. La frontière est un poste perdu dans l’altiplano, on a l’impression de passer d’une planète à l’autre.
PASO DE JAMA, FRONTIÈRE SUR LE TOIT DU MONDE
À plus de 4 200 mètres, le Paso de Jama ne pardonne pas l’imprudence. Le temps change vite, le vent soulève des brumes de sable, et la visibilité peut se réduire à une poignée de mètres. Quand la tempête s’invite, on roule phare allumé, essuie-glaces fous, épaules tendues, et on accepte de s’arrêter si la route disparaît. Mais quand le ciel se déchire, les lagunes andines apparaissent, turquoise sous la croûte de sel, des flamants roses posent leur silhouette improbable dans le froid. On descend ensuite vers le Chili, et d’un coup, San Pedro de Atacama.
SAN PEDRO DE ATACAMA, OASIS ET POUSSIÈRE
San Pedro est un village de rues en terre, murs d’adobe, patios ombragés. Les soirées sentent la poussière et la coriandre, on parle toutes les langues autour d’un pisco sour. La route jusque-là était un fil tendu, ici c’est une parenthèse. Mais la parenthèse a un cœur, la Valle de la Luna.
VALLE DE LA LUNA, SILENCE SISMOGRAPHE
La Vallée de la Lune n’a pas volé son nom. On roule jusqu’aux dunes, on marche dans un silence qui a un son propre, un craquement sec sous les semelles. Le coucher de soleil passe du cuivre à l’indigo, la luminance chute d’un coup, le froid arrive vite. On se sent minuscule, et paradoxalement, plus vivant que jamais. Le désert n’est pas hostile, il est exigeant, il te demande d’écouter. On comprend pourquoi on vient ici pour éprouver des choses simples, voir, respirer, se taire.
RETOUR EN ARGENTINE, AXE SUD VERS MENDOZA
On repasse la frontière, on reprend l’axe argentin, et la Ruta 40 redevient la colonne vertébrale du voyage. Le nord rocailleux cède peu à peu la place à des vallées plus larges, les vignes réapparaissent, plus denses chaque jour. Mendoza est plus qu’une ville, c’est un territoire viticole, Luján de Cuyo, Maipú, Uco Valley, noms qui résonnent dans les cartes des cavistes. L’Aconcagua, 6 962 mètres, surveille tout ça, sommet des Amériques, glace éternelle au-dessus des rangs de Malbec.
MENDOZA, CATHÉDRALE DU MALBEC
Ici, le Malbec a trouvé son royaume. Les bodegas sont des architectures manifestes, Catena Zapata et sa pyramide précolombienne, Zuccardi Piedra Infinita face aux Andes, Trapiche et ses briques industrielles patinées. On réserve une visite, on déguste verticalement, on parle d’altitude, d’ensoleillement, d’amplitude thermique, de sols alluviaux. On comprend que la concentration n’est pas qu’une mode, c’est une logique, petite baie, gros soleil, nuits froides, tanins polis. À table, l’asado organise la conversation, entrana, ojo de bife, chimichurri, brasero rouge, verres levés. Conduire ici demande de la discipline, on choisit ses dégustations et on garde un cadre clair, la route reste un sport d’endurance.
VARIÉTÉS DE ROUTES, VARIÉTÉS DE VOIX
Ce qui rend ce road trip marquant, c’est la diversité des routes et des voix qu’elles imposent. La RN68 invite à la contemplation, vitesses stables, paysages de cinéma. La RP33 te fait travailler le volant, lacets courts, altitude en prime. La RN51 impose l’économie de gestes, tu accompagnes le moteur, tu ménages les freins. La Ruta 40 mélange tout, bitume, gravier, sections roulantes et pièges à la première pluie. Chaque tronçon demande une stratégie, et chaque stratégie te raconte quelque chose de toi, patience, impulsivité, prudence, appétit d’horizon.
BAUENOS AIRES EN ÉCHO, FIN DE PERCÉE
Le voyage peut se conclure à Mendoza, mais il prend un autre sens si on pousse jusqu’à Buenos Aires. Les grands axes ramènent vers une capitale qui dévore, avenues, taxis, façades de Recoleta, terrasses de Palermo, pavés de San Telmo. Après l’altiplano et les vignes, le bruit paraît presque réconfortant, comme un retour au monde, ni plus simple, ni moins intense. On regarde rétro, on voit la ligne folle qu’on vient de tracer sur la carte, et on sait que beaucoup de routes reviennent se croiser ici.
CONSEILS BROOAP POUR LA ROUTE
Carburant et distances, prévois large entre les villages du nord, le vent et l’altitude augmentent la conso. Pneus, des flancs solides et une pression vérifiée tous les matins. Altitude, hydratation, pauses fréquentes, nuit à plus de 3 000 mètres, écoute-toi. Douanes Paso de Jama, papiers du véhicule, attestation d’assurance, respect des vitesses, contrôles fréquents. Dégustations, choisis des créneaux sans volant ensuite, ou dors sur place, les bodegas offrent souvent des chambres. Saisons, printemps et automne sont idéaux, été austral très chaud dans les vallées, hiver rude en altitude. Navigation, hors ligne indispensable, les zones blanches existent encore.
POURQUOI PARTIR, POURQUOI ICI
Parce que ce trajet oblige à alterner puissance et finesse, routes physiques et verres subtils, tempêtes et salons de dégustation. Parce qu’il te raconte un pays dans son entier, andin, désertique, viticole, urbain. Et parce qu’en Argentine, la route garde une part d’aventure, on ne coche pas des cases, on écrit des lignes.
La Ruta 40 n’est pas un mythe de carte postale, c’est un assemblage brut, parfois sublime, parfois ingrat, toujours vrai. Elle traverse plus de 5 000 kilomètres et une dizaine de provinces, mais dans ce voyage, elle relie surtout des états d’âme, lenteur entre Cafayate et Cachi, trance roulante au sud de Mendoza, vigilance sur les portions en ripio. On y apprend à lire la route comme on lit un vin, robe, nez, bouche deviennent texture, visibilité, adhérence. On y apprend aussi l’humilité, un orage peut ruiner un plan, un col peut se fermer, un détour devenir le moment préféré. La Ruta 40 ne te promet rien, elle t’offre des possibles.
Ce road trip laisse des traces concrètes, poussière rouge dans les lacets, odeur de cuir chauffé au soleil, notes de violette et de mûre noire d’un Malbec de vallée d’Uco. Mais la marque la plus forte est intérieure, la sensation d’avoir épousé un pays par ses routes et ses vignes. On repart avec des noms qui sonnent comme des talisman, Salta, Cafayate, Cachi, Paso de Jama, San Pedro de Atacama, Valle de la Luna, Mendoza, et l’envie presque physique d’y retourner. La route argentine ne se consomme pas, elle s’apprivoise, elle se mérite, et elle te change un peu, chaque fois.
Conduire en Argentine, c’est accepter l’imprévu. Salta te cueille avec son vacarme, la Ruta Nacional 68 file dans une gorge rouge qui semble avoir été sculptée au couteau, Cafayate apaise avec son Torrontés qui sent la fleur d’oranger, puis la route se cabre vers l’altitude par la Ruta 51, San Antonio de los Cobres, le Paso de Jama. Au bout, une tempête de sable te gifle à l’entrée de San Pedro de Atacama, puis le silence lunaire de la Valle de la Luna t’éteint la radio intérieure. On redescend par la Ruta 40, on roule sous l’ombre de l’Aconcagua, on trinque à Mendoza, et on finit aspiré par Buenos Aires. Ce périple est marquant parce qu’il t’oblige à changer de peau à chaque étape, routes, altitudes, vins, climats, villes, tout varie, tout secoue.
Argentine, le pays où une route n’est jamais qu’une route. La RN68 brûle de rouge, la RN51 grimpe jusqu’au délire minéral, la Ruta 40 te secoue entre bitume et ripio, et chaque bodega est un refuge. Tu viens pour le vin, tu restes pour la route, tu reviens pour l’ensemble.
RN68, Quebrada de las Conchas, un canyon rouge vif troué d’amphithéâtres naturels. Entre deux virages, des cactus dressent la garde, et la route paraît écrite au marqueur dans la roche.
SALTA, LA BOULLE AU VENTRE
Salta la Linda a un surnom trompeur, elle est belle certes, mais surtout vivante, bruyante, foisonnante. Autour de la Plaza 9 de Julio, les bus crachent, les klaxons répondent, les kioscos vendent des empanadas fumantes. Tu récupères une voiture et tu comprends vite la règle locale, priorité à celui qui ose. Partir vers le sud par la Ruta Nacional 68 est un soulagement, le trafic se dilue, la chaleur reste, et la montagne arrive d’un coup.
QUEBRADA DE LAS CONCHAS, COULOIR ROUGE VERS LES VIGNES
La RN68 déroule son ruban au cœur de la Quebrada de las Conchas, un couloir minéral où la roche brille de rouge, d’ocre et de pourpre. Les arrêts sont évidents, l’Amphithéâtre, un cirque acoustique où un guitariste fait résonner des milongas, la Garganta del Diablo, étranglement de roche où le vent siffle, la Casa de los Loros. La route n’est pas difficile, mais hypnotique. Au bout, Cafayate surgit comme une oasis posée à 1 600 mètres, vignes en damier et bodegas aux portails blancs.
CAFAYATE, CAPITALE DU TORRONTÉS
Ici, on parle Torrontés. Ce blanc aromatique, enfant du soleil et des nuits fraîches d’altitude, sent la fleur, la pêche blanche, parfois le jasmin. Les bodegas se visitent facilement, El Esteco, Piattelli, Etchart, Michel Torino, et surtout des caves familiales où l’on t’explique la lutte contre les gelées et la grêle. On déjeune sous les pergolats, on comprend que le vin n’est pas un prétexte, c’est une culture. La ville, pavée, lente, a un rythme qui convient à la route, on pourrait rester, mais la Ruta 40 appelle.
RUTA 40 VERS CACHI, ENTRE RIPIO ET HAUTEUR
Quitter Cafayate par la Ruta 40 vers Cachi, c’est accepter de ralentir. Par endroits, le bitume cède la place au ripio, ce gravier roulant qui oblige à la douceur. Le paysage alterne zones arides, vallées ouvertes, cardons géants qui veillent, villages blanchis à la chaux. Cachi, à 2 280 mètres, est une carte postale figée, église coloniale, plaza ombragée, ruelles où le soir tombe d’un coup. On repart souvent par la RP33 et la Cuesta del Obispo, une montée en lacets serrés jusqu’à la Piedra del Molino, puis descente spectaculaire vers Salta par la Recta del Tin-Tin, droite tendue dessinée par les Incas, alignée comme une flèche entre les cactus.
LA MONTÉE VERS L’ATACAMA PAR LA RN51
Pour changer d’échelle, on choisit la Ruta Nacional 51. Direction San Antonio de los Cobres, 3 700 mètres, ville minière et ventée où l’air te rappelle que tes poumons ne sont pas infiniment extensibles. Les rails du Tren a las Nubes longent la vallée, et la route grimpe, imperturbable. Le moteur perd un peu de voix, la direction s’allège, les pensées aussi. Après San Antonio, on pousse vers Susques et vers le Paso de Jama. La frontière est un poste perdu dans l’altiplano, on a l’impression de passer d’une planète à l’autre.
PASO DE JAMA, FRONTIÈRE SUR LE TOIT DU MONDE
À plus de 4 200 mètres, le Paso de Jama ne pardonne pas l’imprudence. Le temps change vite, le vent soulève des brumes de sable, et la visibilité peut se réduire à une poignée de mètres. Quand la tempête s’invite, on roule phare allumé, essuie-glaces fous, épaules tendues, et on accepte de s’arrêter si la route disparaît. Mais quand le ciel se déchire, les lagunes andines apparaissent, turquoise sous la croûte de sel, des flamants roses posent leur silhouette improbable dans le froid. On descend ensuite vers le Chili, et d’un coup, San Pedro de Atacama.
SAN PEDRO DE ATACAMA, OASIS ET POUSSIÈRE
San Pedro est un village de rues en terre, murs d’adobe, patios ombragés. Les soirées sentent la poussière et la coriandre, on parle toutes les langues autour d’un pisco sour. La route jusque-là était un fil tendu, ici c’est une parenthèse. Mais la parenthèse a un cœur, la Valle de la Luna.
VALLE DE LA LUNA, SILENCE SISMOGRAPHE
La Vallée de la Lune n’a pas volé son nom. On roule jusqu’aux dunes, on marche dans un silence qui a un son propre, un craquement sec sous les semelles. Le coucher de soleil passe du cuivre à l’indigo, la luminance chute d’un coup, le froid arrive vite. On se sent minuscule, et paradoxalement, plus vivant que jamais. Le désert n’est pas hostile, il est exigeant, il te demande d’écouter. On comprend pourquoi on vient ici pour éprouver des choses simples, voir, respirer, se taire.
RETOUR EN ARGENTINE, AXE SUD VERS MENDOZA
On repasse la frontière, on reprend l’axe argentin, et la Ruta 40 redevient la colonne vertébrale du voyage. Le nord rocailleux cède peu à peu la place à des vallées plus larges, les vignes réapparaissent, plus denses chaque jour. Mendoza est plus qu’une ville, c’est un territoire viticole, Luján de Cuyo, Maipú, Uco Valley, noms qui résonnent dans les cartes des cavistes. L’Aconcagua, 6 962 mètres, surveille tout ça, sommet des Amériques, glace éternelle au-dessus des rangs de Malbec.
MENDOZA, CATHÉDRALE DU MALBEC
Ici, le Malbec a trouvé son royaume. Les bodegas sont des architectures manifestes, Catena Zapata et sa pyramide précolombienne, Zuccardi Piedra Infinita face aux Andes, Trapiche et ses briques industrielles patinées. On réserve une visite, on déguste verticalement, on parle d’altitude, d’ensoleillement, d’amplitude thermique, de sols alluviaux. On comprend que la concentration n’est pas qu’une mode, c’est une logique, petite baie, gros soleil, nuits froides, tanins polis. À table, l’asado organise la conversation, entrana, ojo de bife, chimichurri, brasero rouge, verres levés. Conduire ici demande de la discipline, on choisit ses dégustations et on garde un cadre clair, la route reste un sport d’endurance.
VARIÉTÉS DE ROUTES, VARIÉTÉS DE VOIX
Ce qui rend ce road trip marquant, c’est la diversité des routes et des voix qu’elles imposent. La RN68 invite à la contemplation, vitesses stables, paysages de cinéma. La RP33 te fait travailler le volant, lacets courts, altitude en prime. La RN51 impose l’économie de gestes, tu accompagnes le moteur, tu ménages les freins. La Ruta 40 mélange tout, bitume, gravier, sections roulantes et pièges à la première pluie. Chaque tronçon demande une stratégie, et chaque stratégie te raconte quelque chose de toi, patience, impulsivité, prudence, appétit d’horizon.
BAUENOS AIRES EN ÉCHO, FIN DE PERCÉE
Le voyage peut se conclure à Mendoza, mais il prend un autre sens si on pousse jusqu’à Buenos Aires. Les grands axes ramènent vers une capitale qui dévore, avenues, taxis, façades de Recoleta, terrasses de Palermo, pavés de San Telmo. Après l’altiplano et les vignes, le bruit paraît presque réconfortant, comme un retour au monde, ni plus simple, ni moins intense. On regarde rétro, on voit la ligne folle qu’on vient de tracer sur la carte, et on sait que beaucoup de routes reviennent se croiser ici.
CONSEILS BROOAP POUR LA ROUTE
Carburant et distances, prévois large entre les villages du nord, le vent et l’altitude augmentent la conso. Pneus, des flancs solides et une pression vérifiée tous les matins. Altitude, hydratation, pauses fréquentes, nuit à plus de 3 000 mètres, écoute-toi. Douanes Paso de Jama, papiers du véhicule, attestation d’assurance, respect des vitesses, contrôles fréquents. Dégustations, choisis des créneaux sans volant ensuite, ou dors sur place, les bodegas offrent souvent des chambres. Saisons, printemps et automne sont idéaux, été austral très chaud dans les vallées, hiver rude en altitude. Navigation, hors ligne indispensable, les zones blanches existent encore.
POURQUOI PARTIR, POURQUOI ICI
Parce que ce trajet oblige à alterner puissance et finesse, routes physiques et verres subtils, tempêtes et salons de dégustation. Parce qu’il te raconte un pays dans son entier, andin, désertique, viticole, urbain. Et parce qu’en Argentine, la route garde une part d’aventure, on ne coche pas des cases, on écrit des lignes.
Ce road trip laisse des traces concrètes, poussière rouge dans les lacets, odeur de cuir chauffé au soleil, notes de violette et de mûre noire d’un Malbec de vallée d’Uco. Mais la marque la plus forte est intérieure, la sensation d’avoir épousé un pays par ses routes et ses vignes. On repart avec des noms qui sonnent comme des talisman, Salta, Cafayate, Cachi, Paso de Jama, San Pedro de Atacama, Valle de la Luna, Mendoza, et l’envie presque physique d’y retourner. La route argentine ne se consomme pas, elle s’apprivoise, elle se mérite, et elle te change un peu, chaque fois.