Essai Moto Guzzi V100 Mandello : Le brutalisme à l’italienne

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essai moto guzzi v100 mandello

la brute civilisée

Dans la longue tradition des motos de caractère, il y a les brutes. Celles qui tabassent le temps qui passe et mettent des coups de boule aux effets de mode. Les XJR1300, CB1100 ou Monster ont longtemps tenu le poste. Chez Moto Guzzi, ça manquait depuis un bail. Cette V100 Mandello, je l’ai prise en version de base, sans chrome, sans radar et sans chichis. 700 bornes aller-retour entre les pentes du Ventoux et la baie de Cannes plus tard, une question reste : mérite-t-elle vraiment de porter le logo ailé ?

essai moto guzzi v100 mandello le verdict

Sur le papier, elle envoie : V-twin transversal à 90°, 1 042 cm³, 115 chevaux à 8 700 tours et 105 Nm à 6 750. Un tout nouveau bloc compact, monté dans le cadre comme un élément porteur. Mais à la mise en route, ça surprend. Le son est étouffé, normal — merci l’Euro 5+. Le moteur est plus poli que rock’n’roll. Et la boîte, bien qu’assouplie cette année, garde ce petit clonk typiquement Guzzi quand tu passes la première.

Les suspensions KYB font le job, mais sans magie.
C’est du réglable à l’ancienne : précharge, détente, point barre.
Tu sens les bosses, tu sens le bitume, et c’est un peu l’idée.
Moto Guzzi a d’ailleurs déplacé un pignon côté embrayage pour adoucir la transmission, petit détail d’ingénieur pour que ça claque moins fort au rétrogradage.

Alors oui, c’est moins brutal qu’une 1200 à air, moins volcanique qu’une Griso.
Mais elle a un truc qu’on ne trouve plus : la sincérité mécanique.
Une moto qui ne triche pas, qui n’en fait pas trop, et qui assume d’être simple.

Sur la route, c’est une autre histoire

C’est sur le bitume qui défile que la V100 commence à parler juste.
Les longues courbes du Luberon, la descente vers la mer, les virolos qui sentent la pinède : son terrain.
À 3 000 tours, elle ronronne, à 6 000, elle pousse, et elle garde ce calme d’avion de ligne.

Le châssis est un vrai taf d’ingénieur :
un cadre treillis acier, un moteur qui sert de colonne vertébrale, un empattement long (1 475 mm) et un centre de gravité abaissé grâce au réservoir qui plonge sous la selle.
Résultat : ça ne gigote pas. Tu poses, tu traces.

Le cardan, lui, est monté sans tige de réaction. Un bijou de conception :
les pignons sont inclinés différemment (on avait noté à 84°, mais pas moyen de retrouver le chiffre précis en ligne pour vértifier) ce qui limite l’effet de levée quand tu ouvres les gaz.
Pour faire simple, tu ressens encore mieux le couple, livré de manière bien régulière.

Et puis il y a l’aéro.
Les petits flaps motorisés s’ouvrent selon ta vitesse ou ton mode de conduite.
Pas un gadget : à 90, sous la flotte, tu sens vraiment la différence.
Tu avales les kilomètres sans lutter.
Tu lèves le nez, tu profites du paysage, et tu te rappelles (nom de Zeus) que la moto, c’est fait pour ça.
Et tu kiffes sans flinguer ton permis.

Du style sans chichi

Pas besoin d’un badge doré ni de peinture à deux tons pour exister.
La V100 a une gueule à part.
Une signature lumineuse qui dessine l’aigle, un réservoir compact, et ces ailettes mobiles qui semblent vivantes.

Les designers du Centro Stile disent qu’ils voulaient une moto “compacte et intemporelle, avec la techno cachée sous la ligne”.
Mission réussie : elle a de la gueule sans chercher à séduire.
En vert mat ou gris titane, elle dégage un calme brutal, presque industriel.

Bref, une moto qui s’en fout du concours d’élégance.
Elle préfère rouler que poser.

Le cockpit d’un avion mais sans copilote

Derrière le guidon, c’est carré.
Le TFT est clair, les commodos sont logiques, la position est naturelle et la bulle électrique fait le boulot.
Pas de menus dignes d’un Boeing.
Juste l’essentiel, bien fichu.

La selle te garde frais même après 300 bornes, le régulateur te sauve le poignet, et la protection te donne envie d’enchaîner.
Tout ici respire le pragmatisme italien.

La version S ajoute le radar (alerte collision, angles morts, changement de voie), les suspensions  semi-actives et le quickshifter.
Mais honnêtement ?
Sur route, la base fait tout ce qu’il faut.
C’est la version “du gars qui préfère rouler que configurer”.

Ce moteur, c’est du neuf à 95 %.

Double arbre à cames, 4 soupapes par cylindre, linguets façon moteur de course, et un vilebrequin à contre-rotation intégrée pour calmer le couple de renversement.
Encore beaucoup de blabla de tekos' pour dire que lorsque tu accélères fort, la moto reste droite.
Un détail qui change tout quand tu attaques.

Les culasses sont tournées de 90° par rapport aux anciennes Guzzi :
admission vers l’avant, échappement à l’arrière.
Meilleure respiration, meilleur refroidissement, plus d’espace pour les jambes.

L’embrayage, lui, passe en bain d’huile.
Plus compact, plus doux, moins de vibrations.
Et les 2 premières vitesses ont été raccourcies pour rendre la moto plus nerveuse en ville.

Francesco Mennella, le patron du projet moteur, l’a résumé comme ça :
“82 % du couple est dispo dès 3 500 tr/min, le rupteur à 9 500. On voulait un moteur moderne, vif, mais toujours Guzzi.”

Et Francesco Marchetta, côté R&D, explique que l’aéro adaptative n’est pas qu’un effet de style :
“À haute vitesse, les flaps réduisent la pression sur le torse d’environ 22 %. Ce n’est pas un gadget, c’est du confort utile.”

Des ingénieurs qui parlent comme ça, on en redemande.


Conclusion : oui, elle mérite ses ailes.

Pas parce qu’elle explose les chronos, mais parce qu’elle te donne envie de reprendre la route le lendemain.
Parce qu’elle ne te stresse pas.
Parce qu’elle ne t’infantilise pas.
Et parce qu’elle te redonne envie de rouler pour le plaisir, pas pour la perf.

La V100, c’est le retour du bon sens mécanique.
Une moto moderne qui garde un cœur analogique.
Pas spectaculaire, mais vraie.
Et franchement, ça fait du bien.

essai moto guzzi v100 mandello avec les détails de la finition

Résumé rapide

Puissance : 115 ch @ 8 700 tr/min
Couple : 105 Nm @ 6 750 tr/minPoids : 233 kg tous pleins faits
Réservoir : 17 L
Transmission : cardan monobras (84°)
Suspensions : KYB réglables (base) / Öhlins semi-actives (S)
Norme : Euro 5+
Prix France 2025 : env. 15 700 € (base) / 18 999 € (S)
Coloris base : Bleu Oceano Mat / Gris Titane Mat
Made in : Mandello del Lario, Italie

Un mot sur l'équipement : le nouveau SHOEI J.O 2

Et côté casque, j’avais sur la tête le Shoei J.O 2 Cross Logo.
Sur le papier, c’est un “bol” moderne, pas franchement taillé pour les longues virées. Dans les faits, il s’en sort étonnamment bien.
Shoei a gardé tout ce qui fait la légende de la marque : une coque en fibres haut de gamme, un ajustement millimétré et une sensation de solidité rare pour un jet.
Il est homologué ECE 22-06, donc loin du simple casque “stylé” de café-racer du dimanche.

Son pare-soleil escamotable intégré est parfait : assez couvrant pour éviter les moucherons en montagne, sans jamais gêner la vision.
Et même après 700 bornes, pas de bruit infernal, pas de fatigue. Même si ce n'est pas recommandé, j'ai pu tester le port d'écouteurs dans les oreilles sur une bonne partie du trajet. Le son n'est pas masqué excessivement par les bruits d'air. Étonnant pour un casque de cette catégorie. 

Bref, ce Shoei J.O 2 te donne le droit de transformer une simple sortie “pour aller chercher le pain” en virée d’une journée sur un coup de tête.

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la brute civilisée

Dans la longue tradition des motos de caractère, il y a les brutes. Celles qui tabassent le temps qui passe et mettent des coups de boule aux effets de mode. Les XJR1300, CB1100 ou Monster ont longtemps tenu le poste. Chez Moto Guzzi, ça manquait depuis un bail. Cette V100 Mandello, je l’ai prise en version de base, sans chrome, sans radar et sans chichis. 700 bornes aller-retour entre les pentes du Ventoux et la baie de Cannes plus tard, une question reste : mérite-t-elle vraiment de porter le logo ailé ?

essai moto guzzi v100 mandello le verdict

Sur le papier, elle envoie : V-twin transversal à 90°, 1 042 cm³, 115 chevaux à 8 700 tours et 105 Nm à 6 750. Un tout nouveau bloc compact, monté dans le cadre comme un élément porteur. Mais à la mise en route, ça surprend. Le son est étouffé, normal — merci l’Euro 5+. Le moteur est plus poli que rock’n’roll. Et la boîte, bien qu’assouplie cette année, garde ce petit clonk typiquement Guzzi quand tu passes la première.

Les suspensions KYB font le job, mais sans magie.
C’est du réglable à l’ancienne : précharge, détente, point barre.
Tu sens les bosses, tu sens le bitume, et c’est un peu l’idée.
Moto Guzzi a d’ailleurs déplacé un pignon côté embrayage pour adoucir la transmission, petit détail d’ingénieur pour que ça claque moins fort au rétrogradage.

Alors oui, c’est moins brutal qu’une 1200 à air, moins volcanique qu’une Griso.
Mais elle a un truc qu’on ne trouve plus : la sincérité mécanique.
Une moto qui ne triche pas, qui n’en fait pas trop, et qui assume d’être simple.

Sur la route, c’est une autre histoire

C’est sur le bitume qui défile que la V100 commence à parler juste.
Les longues courbes du Luberon, la descente vers la mer, les virolos qui sentent la pinède : son terrain.
À 3 000 tours, elle ronronne, à 6 000, elle pousse, et elle garde ce calme d’avion de ligne.

Le châssis est un vrai taf d’ingénieur :
un cadre treillis acier, un moteur qui sert de colonne vertébrale, un empattement long (1 475 mm) et un centre de gravité abaissé grâce au réservoir qui plonge sous la selle.
Résultat : ça ne gigote pas. Tu poses, tu traces.

Le cardan, lui, est monté sans tige de réaction. Un bijou de conception :
les pignons sont inclinés différemment (on avait noté à 84°, mais pas moyen de retrouver le chiffre précis en ligne pour vértifier) ce qui limite l’effet de levée quand tu ouvres les gaz.
Pour faire simple, tu ressens encore mieux le couple, livré de manière bien régulière.

Et puis il y a l’aéro.
Les petits flaps motorisés s’ouvrent selon ta vitesse ou ton mode de conduite.
Pas un gadget : à 90, sous la flotte, tu sens vraiment la différence.
Tu avales les kilomètres sans lutter.
Tu lèves le nez, tu profites du paysage, et tu te rappelles (nom de Zeus) que la moto, c’est fait pour ça.
Et tu kiffes sans flinguer ton permis.

Du style sans chichi

Pas besoin d’un badge doré ni de peinture à deux tons pour exister.
La V100 a une gueule à part.
Une signature lumineuse qui dessine l’aigle, un réservoir compact, et ces ailettes mobiles qui semblent vivantes.

Les designers du Centro Stile disent qu’ils voulaient une moto “compacte et intemporelle, avec la techno cachée sous la ligne”.
Mission réussie : elle a de la gueule sans chercher à séduire.
En vert mat ou gris titane, elle dégage un calme brutal, presque industriel.

Bref, une moto qui s’en fout du concours d’élégance.
Elle préfère rouler que poser.

Le cockpit d’un avion mais sans copilote

Derrière le guidon, c’est carré.
Le TFT est clair, les commodos sont logiques, la position est naturelle et la bulle électrique fait le boulot.
Pas de menus dignes d’un Boeing.
Juste l’essentiel, bien fichu.

La selle te garde frais même après 300 bornes, le régulateur te sauve le poignet, et la protection te donne envie d’enchaîner.
Tout ici respire le pragmatisme italien.

La version S ajoute le radar (alerte collision, angles morts, changement de voie), les suspensions  semi-actives et le quickshifter.
Mais honnêtement ?
Sur route, la base fait tout ce qu’il faut.
C’est la version “du gars qui préfère rouler que configurer”.

Résumé rapide

Puissance : 115 ch @ 8 700 tr/min
Couple : 105 Nm @ 6 750 tr/minPoids : 233 kg tous pleins faits
Réservoir : 17 L
Transmission : cardan monobras (84°)
Suspensions : KYB réglables (base) / Öhlins semi-actives (S)
Norme : Euro 5+
Prix France 2025 : env. 15 700 € (base) / 18 999 € (S)
Coloris base : Bleu Oceano Mat / Gris Titane Mat
Made in : Mandello del Lario, Italie

Un mot sur l'équipement : le nouveau SHOEI J.O 2

Et côté casque, j’avais sur la tête le Shoei J.O 2 Cross Logo.
Sur le papier, c’est un “bol” moderne, pas franchement taillé pour les longues virées. Dans les faits, il s’en sort étonnamment bien.
Shoei a gardé tout ce qui fait la légende de la marque : une coque en fibres haut de gamme, un ajustement millimétré et une sensation de solidité rare pour un jet.
Il est homologué ECE 22-06, donc loin du simple casque “stylé” de café-racer du dimanche.

Son pare-soleil escamotable intégré est parfait : assez couvrant pour éviter les moucherons en montagne, sans jamais gêner la vision.
Et même après 700 bornes, pas de bruit infernal, pas de fatigue. Même si ce n'est pas recommandé, j'ai pu tester le port d'écouteurs dans les oreilles sur une bonne partie du trajet. Le son n'est pas masqué excessivement par les bruits d'air. Étonnant pour un casque de cette catégorie. 

Bref, ce Shoei J.O 2 te donne le droit de transformer une simple sortie “pour aller chercher le pain” en virée d’une journée sur un coup de tête.

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