Nous sommes en 1972. Le pilote sur sa fragile 250 cm³ est le Finlandais Jarno Saarinen. Il fut le premier pilote de sa nationalité à devenir champion du monde dans sa catégorie et a marqué l’histoire de la moto en étant le seul, dans les années 70, à adopter un style de pilotage différent, penchant sa moto à des degrés encore inconnus à l’époque jusqu’à poser le genou. Il s’est également engagé très tôt pour améliorer la sécurité des circuits, militant pour la création de grandes zones de dégagement.
Le 20 mai 1973, sur le bouillonnant circuit de Monza, Jarno veut accrocher une seconde couronne d’affilée à son palmarès. Mais ce matin-là, il fulmine : la direction de course n’a toujours pas mis en place les améliorations de sécurité promises. Trop de barrières métalliques, pas assez de zones de dégagement ni de personnel médical.
La course s’élance. Au 1er tour, un piston de la moto de Renzo Pasolini se bloque, il est percuté par une autre moto. Il chute lourdement. Jarno, qui le suit de près, ne peut l’éviter : une nappe d’huile s’est répandue sur la trajectoire.
C’est un véritable carambolage impliquant quatorze motos. Au milieu des carcasses fumantes, douze pilotes se relèvent. Deux restent au sol.
Depuis la pitlane, Soili comprend instantanément. Son cœur se brise net. La vie qu’ils s’étaient construite sur les routes d’Europe vient de s’éteindre à Monza.
La beauté d’un instant figé
Sur les réseaux, la photo continue de circuler, figée dans un moment d’insouciance avant la tragédie. On y voit l’amour, la jeunesse, la passion. Et derrière, la brutalité du destin. Mais si cette image émeut encore aujourd’hui, à condition qu'on lui mettre la légende qu'elle mérite...c’est qu’elle raconte autre chose que la mort : elle raconte la vie, vécue à fond, sans compromis...comme Jarno et Soili l’auraient voulu.