
Pedrosa, c’est un gamin qui gagne avant même de comprendre comment fonctionne une boîte de vitesses.
Champion du monde 125 cm³ en 2003, puis double champion 250 cm³ en 2004 et 2005. Trois titres mondiaux consécutifs, acquis avant ses 21 ans.
À 20 ans, il débarque en MotoGP chez Repsol Honda, et file déjà plus vite que certains vétérans.
Son style ? Chirurgical. Pas un dérapage, pas un excès. Du scalpel, pas du marteau.
En 13 saisons complètes de MotoGP, il accumule :
- 31 victoires
- 112 podiums
- plus de 4 000 points marqués (seuls Rossi, Márquez et Lorenzo font mieux)
Le mec a même fini trois fois vice-champion du monde sans jamais décrocher le graal.
Et ça, c’est pas une malédiction, c’est une injustice.
Fun fact : à son arrivée, Honda avait dû modifier la moto pour compenser son poids plume. Le RC211V d’origine l’envoyait valser à chaque freinage, il avait littéralement besoin de lest pour que la moto tienne le cap.
Tu sais que t’es maudit quand ton plus gros rival devient ton coéquipier.
En 2013, Marc Márquez débarque chez Honda, le sourire de gosse et la dalle d’un tueur.
Pedrosa, lui, vient de passer une décennie à frôler le titre, et se prend une tornade dans le box.
Mais la malchance a commencé bien avant.
Pendant toute sa carrière, il a dû partager le garage avec des monstres : le regretté Nicky Hayden, champion du monde 2006, Casey Stoner, Andrea Dovizioso, puis Marc Márquez.
Chaque fois qu’il semblait sur le point d’être le leader naturel de l’équipe, un autre prodige surgissait pour lui voler la lumière.
Pas de trahison, pas de scandale, juste un timing constamment pourri.
Et toujours cette impression que le sort préférait les autres.
Les blessures s’enchaînent : clavicule, poignet, genou, épaule, hanche… s’il y avait un os à casser, il l’a testé.
Et toujours cette poisse qui le poursuit : une chute au moment où il mène le championnat, une casse moteur à deux tours de l’arrivée, un highside monumental à Motegi.
Même quand il gagne, le karma trouve le moyen de lui coller un nuage au-dessus du casque.
Le plus ironique ? Malgré tout ça, aucun pilote n’a jamais dit un mot de mal de lui. Pedrosa, c’était le type discret, poli, qui t’en collait une à chaque virage sans un mot plus haut que l’autre.
Le dernier des beaux joueurs
Quand il raccroche en 2018, personne ne trouve ça normal.
Pas un seul titre MotoGP pour un mec pareil, c’est comme si on te disait que Nadal n’a jamais gagné Roland-Garros.
Mais Pedrosa, fidèle à lui-même, part sans faire de bruit.
Pas de drama, pas de rancune.
Juste le respect absolu du paddock, de Márquez à Rossi.
Et l’ironie ultime ? Depuis qu’il est pilote test KTM, la marque autrichienne gagne enfin des courses grâce à ses réglages.
Comme si le mec était condamné à faire gagner les autres.
Dani Pedrosa, c’est le type qui aurait dû régner, mais que les dieux de la moto ont laissé sur le bord de la gloire.
Le premier des Damnés du Paddock.
Petit par la taille, immense par le talent.